Intervention en plénière à Strasbourg
January 20, 2020 by Charles Goerens
Voici mon intervention en plénière le 15 janvier 2020 sur la déformation de l’histoire européenne et mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Madame la Présidente, la gestion du passé est toujours une affaire fort délicate. Elle peut paraître délicate, elle est souvent laborieuse, mais en tout cas elle est indispensable. Et je crois que Jean Kahn, qui a été à l’origine de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes aurait pu nous en dire un mot. Malheureusement, il nous a quittés entretemps. Il avait été en charge de faire l’inventaire de toutes les aberrations qui sont encore contenues dans les manuels d’histoire aujourd’hui – c’était plutôt à la fin des années 90 – et l’une des plus grandes aberrations a été une citation dans un manuel d’histoire autrichien prétendant que l’Autriche avait été la première victime du IIIe Reich: une histoire à dormir debout.
Voilà ce qui arrive lorsqu’on ne traite pas des questions du passé et lorsqu’on n’a pas le courage de les aborder. En effet, nombreux sont ceux qui participent à la désinformation et qui déforment les réalités historiques, soit en ignorant les preuves historiques irréfutables, soit en refusant de s’y référer ou en omettant de les nommer. Le deuxième cas est encore pire que le premier. On pourrait encore trouver des circonstances atténuantes pour expliquer la bêtise, mais la mauvaise foi est inacceptable. Que pouvons-nous faire face aux négationnistes? Que pouvons-nous opposer aux assassins de la mémoire, comme les appelle Pierre Vidal-Naquet? Je crois que nous pouvons faire une chose, même si elle n’aura pas d’effet immédiat: comme les témoins et les rescapés nous ont presque tous quittés, nous allons devoir remplacer le devoir de mémoire par un devoir d’histoire. Et je voudrais, pour terminer, citer un exemple dont nous devons nous inspirer: la République fédérale d’Allemagne, la version des anciens Bundesländer, a eu le courage d’affronter son passé, et cette République fédérale d’Allemagne l’a fait de façon courageuse, sans voiler quoi que ce soit dans les manuels d’histoire et dans les médias publics. Dans les nouveaux Bundesländer, tel n’a pas été le cas. Si vous regardez les résultats de l’AfD aujourd’hui, je crois que les efforts investis dans l’apprentissage de l’histoire ne sont pas vains.
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