Le Jeudi, Chronique
February 21, 2019 by Charles Goerens
L'Europe vue par l'Italie.
L’Italie va-t-elle nous réserver de grosses surprises? Difficile à dire, après avoir entendu le Président du Conseil comme il convient d’appeler le Président du gouvernement italien qui s’est prêté à un débat sur l’avenir de l’Europe la semaine dernière en plénière à Strasbourg.
Sa position au sein de son gouvernement peut cependant laisser subsister un doute sur la fiabilité de l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne.
L’on sait qu’il doit sa nomination à l’incapacité de la Lega de Salvini et du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo de se mettre d’accord sur un premier ministre issu de l’une de leurs formations. Pour montrer que la position de Monsieur Conte est tout sauf stable, il suffit de relire les réactions des chefs de file des groupes politiques au discours de Monsieur Conte. Guy Verhofstadt l’a même qualifié de pantin de Salvini et Di Maio.
Les récentes prises de position du gouvernement italien nous apprennent toutefois que le ton correct de Monsieur Conte ne réussit pas à masquer la radicalisation du discours de l’équipe au pouvoir dans son pays.
Rappelons-nous l’incitation à la déstabilisation du Président Macron par le ministre de l’intérieur Salvini ou les tergiversations de Rome à propos du prochain budget italien, au départ jugé irrecevable par le commissaire Moscovici.
Il faut espérer que la raison prenne le dessus dans les relations Bruxelles-Rome.
Le débat avec Conte a révélé un autre aspect très caractéristique de l’Union européenne : le clivage qui oppose les partis traditionnels aux partis populistes. Les critiques, certes justifiées, formulées à l’endroit de Salvini et co. ne devraient pas faire apparaître la plupart des autres gouvernements européens comme les détenteurs de la seule perfection.
A y voir de plus près, la bien-pensance de d’aucuns se révèle être de l’hypocrisie au plus haut degré. On a laissé l’Italie seule avec ses réfugiés alors qu’on aurait dû s’entendre sur un partage des charges concernant l’accueil de migrants. En pareilles circonstances, on ne joue pas les vierges effarouchées.
Ce refus de solidarité n’a fait que renforcer petit à petit les populistes et les partis d’extrême droite. Ironie de l’histoire : le AFD, le Rassemblement national, ancien Front national et le FPÖ, entre autres, voulant fermer leurs frontières nationales aux migrants, n´accordent pas le moindre soutien à l´Italie où Salvini, l´un de leurs proches et alliés est au pouvoir. Autrement dit, quand les vrais problèmes apparaissent, les grandes gueules de l´extrême droite n´ont rien à offrir qui va au-delà du verbiage.
Leave a Reply