Sur son rapport: Un programme pour le changement – 2015 – Année européenne pour le développement
October 22, 2012 by Charles Goerens
Un programme pour le changement: l’avenir de la politique de développement de l’UE
Intervention du Rapporteur Charles Goerens en séance plénière du 22 octobre 2012
Pourquoi faut-il qu’elle change ? La politique de développement de l’UE ne peut plus rester la même car le monde a changé.
De nos jours, 7 pauvres sur 10 dans le monde ne vivent plus dans les pays les moins avancés, ni dans les pays en développement, mais bien dans les pays émergents.
La globalisation, il est vrai, crée des richesses considérables qui ne vont pas pour autant aux plus démunis. A cela s’ajoute une démographie galopante : aujourd’hui, il y a 7 mia de bouches à nourrir, on sera à 9 mia dans 20 ans. Le pourcentage de croissance économique d’un pays ne devient réel qu’à partir du moment où il dépasse le taux de natalité.
Au cours du 21ième siècle, le poids de l’UE dans le monde va diminuer constamment – ce que d’aucuns appellent le déclin stratégique – contrairement aux émergents qui, avec leur essor économique, sont déjà devenus des acteurs politiques décomplexés.
Il n’en reste pas moins que l’UE est de loin le premier acteur mondial en matière d’Aide publique au développement. Elle veut non seulement rester le premier, mais aussi être le meilleur acteur dans ce domaine.
Voici les réflexions de la commission du développement pour que cela soit aussi le cas à l’avenir.
La politique de développement de l’UE sert la finalité la plus noble qui soit : promouvoir la dignité humaine en éradiquant la pauvreté, ni plus ni moins. L’APD doit s’orienter selon les besoins de nos partenaires du SUD en respectant leur choix. La politique de développement doit être au service des pauvres, sans arrière-pensées, et se situer dans l’esprit du consensus européen de développement tel que l’accord signé par le Conseil, la Commission et le PE le prévoient. Nous proposons que Lady Ashton appose également sa signature sous le document en question afin qu’il ne subsiste pas le moindre doute sur les intentions de tous les acteurs européens institutionnels en matière de développement.
Nous lançons un appel à tous, acteurs privés, États riches, États pauvres, acteurs multilatéraux afin qu’ils assument leur responsabilité en matière de développement. C’est pourquoi nous appuyons la Commission européenne dans sa volonté de différencier son aide et de rayer de la liste des bénéficiaires les États émergents dont l’économie dégage des moyens sans cesse croissants. La lutte contre la pauvreté dans ces pays ne devrait dorénavant plus relever de la solidarité internationale mais de leur politique intérieure. Notre commission aimerait que cela se fasse dans le cadre d’un dialogue avec ces pays et au moyen d’un retrait progressif de l’UE de l’assistance à ces derniers.
Le commissaire Piebalgs se prononce en faveur d’une croissance inclusive dans les pays en développement. Nous appuyons cette approche. Précisons toutefois qu’il y a lieu de promouvoir une croissance dans les pays en développement –tout comme chez nous d’ailleurs- qui privilégie l’amélioration réelle du sort des plus pauvres. Il va falloir en tenir compte dans la programmation de l’aide. Il sera donc indispensable, de notre point de vue, d’allouer au moins 20% de l’aide de l’UE aux services sociaux de base, tels que définis par les Nations Unies dans les objectifs du millénaire pour le développement.
La politique de l’Union européenne doit être cohérente. Cohérence veut dire amener les départements autres que le développement à renoncer à toute démarche susceptible de démolir par leur action ce qui a été construit dans la coopération au développement.
Il faut que nos 27 États membres en soient conscients et agissent en ce sens afin qu’à 28, avec l’UE, ils répondent à l’impératif de coordination tel que prévu par le Traité de Lisbonne. Votre rapporteur estime que le dialogue entre les 28 est loin d’être satisfaisant tant du point de vue de la participation ministérielle aux réunions du Conseil que du temps – extrêmement limité – y consacré.
Aussi me semble-t-il indispensable de faire précéder nos prises de décision de l’organisation d’un consensus intellectuel autour des grandes questions d’ordre politique, de nature stratégique qui conditionnent la politique de développement de l’UE.
En effet, une cellule de réflexion indépendante, à l’échelle européenne, apportant une valeur ajoutée réelle par rapport aux organismes nationaux déjà existants, pourrait mieux nous guider dans la réponse aux grands défis du développement.
Je vous fais grâce des positions très détaillées que vous trouverez d’ailleurs dans la version écrite de mon rapport. Nous le savons, on ne thématise pas suffisamment le développement dans le débat public. Afin d’y remédier, nous invitons le Parlement à se prononcer en faveur de notre proposition de faire de 2015 l’année européenne pour le développement.
Pourquoi un développement responsable ? Parce que les OMD ne seront jamais atteints si les États à revenu intermédiaire dans lesquels vivent 7 pauvres sur dix n’assument pas leur responsabilité.
Développement responsable parce que l’impératif de cohérence des politiques nous amène nous aussi au niveau de l’UE à repenser certaines de nos méthodes.
Si nous voulons encore peser dans ce sens, 2015 ne me paraît plus prématuré.
(2e intervention:)
Monsieur le Président, après les honneurs qui viennent de m’être conférés, je tâcherai de rester modeste.
Je remercie d’abord tous mes collègues pour le jugement qu’ils ont porté sur le travail que nous avons fait en commission. Je sais que tout n’a pas été accepté sans nuances, notamment le concept de la différenciation – dans toutes les langues de l’Union et sous tous les aspects. Bien sûr, il y a des poches de pauvreté dans les pays émergents – elles sont même considérables. Il y a aussi 112 millions de pauvres en Europe. Ce n’est pas une raison pour ignorer la pauvreté qu’il y a dans les pays émergents et en Europe. Arrêtons d’opposer les pauvres de chez nous et les pauvres d’ailleurs! Il existe des instruments différents selon le pays où vivent ces pauvres.
Notre politique de coopération ne doit être ni angélique ni frileuse. Elle doit être courageuse, cohérente, sélective et durable. C’est la synthèse que je tire des travaux que nous venons de réaliser. Je quitte ce débat avec des interrogations et aussi des motifs de satisfaction. Parmi les interrogations, il en est une qui porte sur la question de savoir si nous allons atteindre les 0,7 % du RNB en 2015. Les temps sont difficiles. Donc ne baissons pas la garde devant l’effort qui nous attend. Si nous ne le faisons pas en tant que responsables du développement, personne ne le fera à notre place.
Comment pourrons-nous également mieux informer nos concitoyens? Ce sujet devient pour moi en même temps un motif de satisfaction. Ma satisfaction résulte du fait qu’avec les réponses qu’a données le commissaire Piebalgs, 2015 semble être quasiment acquise comme Année européenne du développement responsable.
Un autre motif de satisfaction, c’est que, si cette idée fait son chemin – et je n’en doute pas un seul instant –, nous serons en mesure de déclarer, en 2015, ce qui à nos yeux est essentiel en matière de politique de coopération au développement, quels doivent être les meilleurs partenariats. Nous avons encore un petit espace de temps pour peser de tout notre poids. Alors que le reste du monde évolue à une vitesse extraordinaire, l’Europe pèse encore en tant que premier acteur.
L’un de mes plus grands motifs de satisfaction, c’est que nous avons, d’un côté, un grand savoir-faire. Essayons aussi de faire connaître ce savoir-faire aux autres, notamment à nos concitoyens et aussi au reste du monde. J’ai visité tant de pays en développement où l’Europe est, de loin, le premier bailleur de fonds et où la perception de l’Union européenne, en tant qu’acteur, est inversement proportionnelle aux efforts et aux fonds engagés.
Je crois que 2015 sera une bonne opportunité pour mettre fin à cette modestie qui n’est pas de mise.
Un programme pour le changement: l’avenir de la politique de développement de l’UE
Intervention du Rapporteur Charles Goerens en séance plénière du 22 octobre 2012
Pourquoi faut-il qu’elle change ? La politique de développement de l’UE ne peut plus rester la même car le monde a changé.
De nos jours, 7 pauvres sur 10 dans le monde ne vivent plus dans les pays les moins avancés, ni dans les pays en développement, mais bien dans les pays émergents.
La globalisation, il est vrai, crée des richesses considérables qui ne vont pas pour autant aux plus démunis. À cela s’ajoute une démographie galopante : aujourd’hui, il y a 7 mia de bouches à nourrir, on sera à 9 mia dans 20 ans. Le pourcentage de croissance économique d’un pays ne devient réel qu’à partir du moment où il dépasse le taux de natalité.
Au cours du 21ième siècle, le poids de l’UE dans le monde va diminuer constamment – ce que d’aucuns appellent le déclin stratégique – contrairement aux émergents qui, avec leur essor économique, sont déjà devenus des acteurs politiques décomplexés.
Il n’en reste pas moins que l’UE est de loin le premier acteur mondial en matière d’Aide publique au développement. Elle veut non seulement rester le premier, mais aussi être le meilleur acteur dans ce domaine.
Voici les réflexions de la commission du développement pour que cela soit aussi le cas à l’avenir.
La politique de développement de l’UE sert la finalité la plus noble qui soit : promouvoir la dignité humaine en éradiquant la pauvreté, ni plus ni moins. L’APD doit s’orienter selon les besoins de nos partenaires du SUD en respectant leur choix. La politique de développement doit être au service des pauvres, sans arrière-pensées, et se situer dans l’esprit du consensus européen de développement tel que l’accord signé par le Conseil, la Commission et le PE le prévoient. Nous proposons que Lady Ashton appose également sa signature sous le document en question afin qu’il ne subsiste pas le moindre doute sur les intentions de tous les acteurs européens institutionnels en matière de développement.
Nous lançons un appel à tous, acteurs privés, États riches, États pauvres, acteurs multilatéraux afin qu’ils assument leur responsabilité en matière de développement. C’est pourquoi nous appuyons la Commission européenne dans sa volonté de différencier son aide et de rayer de la liste des bénéficiaires les États émergents dont l’économie dégage des moyens sans cesse croissants. La lutte contre la pauvreté dans ces pays ne devrait dorénavant plus relever de la solidarité internationale mais de leur politique intérieure. Notre commission aimerait que cela se fasse dans le cadre d’un dialogue avec ces pays et au moyen d’un retrait progressif de l’UE de l’assistance à ces derniers.
Le commissaire Piebalgs se prononce en faveur d’une croissance inclusive dans les pays en développement. Nous appuyons cette approche. Précisons toutefois qu’il y a lieu de promouvoir une croissance dans les pays en développement –tout comme chez nous d’ailleurs- qui privilégie l’amélioration réelle du sort des plus pauvres. Il va falloir en tenir compte dans la programmation de l’aide. Il sera donc indispensable, de notre point de vue, d’allouer au moins 20% de l’aide de l’UE aux services sociaux de base, tels que définis par les Nations Unies dans les objectifs du millénaire pour le développement.
La politique de l’Union européenne doit être cohérente. Cohérence veut dire amener les départements autres que le développement à renoncer à toute démarche susceptible de démolir par leur action ce qui a été construit dans la coopération au développement.
Il faut que nos 27 États membres en soient conscients et agissent en ce sens afin qu’à 28, avec l’UE, ils répondent à l’impératif de coordination tel que prévu par le Traité de Lisbonne. Votre rapporteur estime que le dialogue entre les 28 est loin d’être satisfaisant tant du point de vue de la participation ministérielle aux réunions du Conseil que du temps – extrêmement limité – y consacré.
Aussi me semble-t-il indispensable de faire précéder nos prises de décision de l’organisation d’un consensus intellectuel autour des grandes questions d’ordre politique, de nature stratégique qui conditionnent la politique de développement de l’UE.
En effet, une cellule de réflexion indépendante, à l’échelle européenne, apportant une valeur ajoutée réelle par rapport aux organismes nationaux déjà existants, pourrait mieux nous guider dans la réponse aux grands défis du développement.
Je vous fais grâce des positions très détaillées que vous trouverez d’ailleurs dans la version écrite de mon rapport. Nous le savons, on ne thématise pas suffisamment le développement dans le débat public. Afin d’y remédier, nous invitons le Parlement à se prononcer en faveur de notre proposition de faire de 2015 l’année européenne pour le développement.
Pourquoi un développement responsable ? Parce que les OMD ne seront jamais atteints si les Etats à revenu intermédiaire dans lesquels vivent 7 pauvres sur dix n’assument pas leur responsabilité.
Développement responsable parce que l’impératif de cohérence des politiques nous amène nous aussi au niveau de l’UE à repenser certaines de nos méthodes.
Si nous voulons encore peser dans ce sens, 2015 ne me paraît plus prématuré.
Un programme pour le changement: l’avenir de la politique de développement de l’UE
Intervention du Rapporteur Charles Goerens en séance plénière du 22 octobre 2012
Pourquoi faut-il qu’elle change ? La politique de développement de l’UE ne peut plus rester la même car le monde a changé.
De nos jours, 7 pauvres sur 10 dans le monde ne vivent plus dans les pays les moins avancés, ni dans les pays en développement, mais bien dans les pays émergents.
La globalisation, il est vrai, crée des richesses considérables qui ne vont pas pour autant aux plus démunis. A cela s’ajoute une démographie galopante : aujourd’hui, il y a 7 mia de bouches à nourrir, on sera à 9 mia dans 20 ans. Le pourcentage de croissance économique d’un pays ne devient réel qu’à partir du moment où il dépasse le taux de natalité.
Au cours du 21ième siècle, le poids de l’UE dans le monde va diminuer constamment – ce que d’aucuns appellent le déclin stratégique – contrairement aux émergents qui, avec leur essor économique, sont déjà devenus des acteurs politiques décomplexés.
Il n’en reste pas moins que l’UE est de loin le premier acteur mondial en matière d’Aide publique au développement. Elle veut non seulement rester le premier, mais aussi être le meilleur acteur dans ce domaine.
Voici les réflexions de la commission du développement pour que cela soit aussi le cas à l’avenir.
La politique de développement de l’UE sert la finalité la plus noble qui soit : promouvoir la dignité humaine en éradiquant la pauvreté, ni plus ni moins. L’APD doit s’orienter selon les besoins de nos partenaires du SUD en respectant leur choix. La politique de développement doit être au service des pauvres, sans arrière-pensées, et se situer dans l’esprit du consensus européen de développement tel que l’accord signé par le Conseil, la Commission et le PE le prévoient. Nous proposons que Lady Ashton appose également sa signature sous le document en question afin qu’il ne subsiste pas le moindre doute sur les intentions de tous les acteurs européens institutionnels en matière de développement.
Nous lançons un appel à tous, acteurs privés, États riches, États pauvres, acteurs multilatéraux afin qu’ils assument leur responsabilité en matière de développement. C’est pourquoi nous appuyons la Commission européenne dans sa volonté de différencier son aide et de rayer de la liste des bénéficiaires les États émergents dont l’économie dégage des moyens sans cesse croissants. La lutte contre la pauvreté dans ces pays ne devrait dorénavant plus relever de la solidarité internationale mais de leur politique intérieure. Notre commission aimerait que cela se fasse dans le cadre d’un dialogue avec ces pays et au moyen d’un retrait progressif de l’UE de l’assistance à ces derniers.
Le commissaire Piebalgs se prononce en faveur d’une croissance inclusive dans les pays en développement. Nous appuyons cette approche. Précisons toutefois qu’il y a lieu de promouvoir une croissance dans les pays en développement –tout comme chez nous d’ailleurs- qui privilégie l’amélioration réelle du sort des plus pauvres. Il va falloir en tenir compte dans la programmation de l’aide. Il sera donc indispensable, de notre point de vue, d’allouer au moins 20% de l’aide de l’UE aux services sociaux de base, tels que définis par les Nations Unies dans les objectifs du millénaire pour le développement.
La politique de l’Union européenne doit être cohérente. Cohérence veut dire amener les départements autres que le développement à renoncer à toute démarche susceptible de démolir par leur action ce qui a été construit dans la coopération au développement.
Il faut que nos 27 États membres en soient conscients et agissent en ce sens afin qu’à 28, avec l’UE, ils répondent à l’impératif de coordination tel que prévu par le Traité de Lisbonne. Votre rapporteur estime que le dialogue entre les 28 est loin d’être satisfaisant tant du point de vue de la participation ministérielle aux réunions du Conseil que du temps – extrêmement limité – y consacré.
Aussi me semble-t-il indispensable de faire précéder nos prises de décision de l’organisation d’un consensus intellectuel autour des grandes questions d’ordre politique, de nature stratégique qui conditionnent la politique de développement de l’UE.
En effet, une cellule de réflexion indépendante, à l’échelle européenne, apportant une valeur ajoutée réelle par rapport aux organismes nationaux déjà existants, pourrait mieux nous guider dans la réponse aux grands défis du développement.
Je vous fais grâce des positions très détaillées que vous trouverez d’ailleurs dans la version écrite de mon rapport. Nous le savons, on ne thématise pas suffisamment le développement dans le débat public. Afin d’y remédier, nous invitons le Parlement à se prononcer en faveur de notre proposition de faire de 2015 l’année européenne pour le développement.
Pourquoi un développement responsable ? Parce que les OMD ne seront jamais atteints si les États à revenu intermédiaire dans lesquels vivent 7 pauvres sur dix n’assument pas leur responsabilité.
Développement responsable parce que l’impératif de cohérence des politiques nous amène nous aussi au niveau de l’UE à repenser certaines de nos méthodes.
Si nous voulons encore peser dans ce sens, 2015 ne me paraît plus prématuré.
Leave a Reply