Sur les Objectifs du millénaire pour le développement
June 13, 2013 by Charles Goerens
Madame la Présidente, merci de me donner la parole dans ce brouhaha général.
En ce qui concerne les objectifs du Millénaire pour le développement, deux lectures sont possibles. La première, plus optimiste, met l’accent sur la réduction de moitié de l’extrême pauvreté. C’est un résultat atteint, il faut s’en féliciter. Il faut aussi saluer la réduction de la mortalité infantile, un objectif longtemps réclamé qui a finalement été partiellement réalisé. Enfin, saluons aussi le fait que les jeunes ont un meilleur accès à l’éducation.
La deuxième lecture est plus réaliste et plus désabusante. C’est la lecture des occasions ratées. C’est la lecture des responsabilités non assumées et je voudrais m’attarder un peu sur ces dernières. Il y a d’abord lieu de citer, à titre d’exemple, tous les pays en voie de développement, eux-mêmes, qui n’ont pas fait tout ce qu’ils auraient pu faire pour améliorer la situation. Ce n’est pas à nous de les développer, c’est à eux de se développer eux-mêmes et, dans la mesure où ils ont besoin d’assistance, c’est à nous de leur venir en aide avec notre expérience et notre expertise.
Il y a un deuxième groupe de pays qui doit aussi faire son examen de conscience, c’est le groupe des pays à revenus intermédiaires. En ce qui concerne ces pays, rappelons que 70 % des pauvres vivent dans les pays à revenus intermédiaires et dans la mesure où ces pays arrivent à dégager des richesses supplémentaires et considérables, ils devraient aussi s’interroger sur la manière d’investir cet argent dans la lutte contre la pauvreté. Dans la mesure où ils ne le font pas ou ne sont pas en mesure de le faire, c’est à eux d’assumer cette responsabilité.
C’est la raison pour laquelle nous avons été nombreux à appuyer la Commission dans sa volonté de différencier entre les bénéficiaires, et ceux qui génèrent suffisamment de ressources devraient faire leur examen de conscience.
Troisièmement, l’Union européenne elle-même, qui est loin d’atteindre l’objectif de 0,7 %. Il est parfois plus facile d’avoir une audience auprès du Saint-Père que d’arriver à amener un pays à venir s’expliquer devant la commission du développement sur les raisons pour lesquelles il ne répond pas à l’objectif auquel il a souscrit en 2005, dans le cadre du consensus européen de développement.
Une demande à M. Piebalgs: quand vous irez à New York, ne soyez pas modeste, parce que l’Europe reste malgré tout le meilleur acteur en la matière. Vous avez tout pour briller sur la scène internationale. Basez-vous sur les résultats qui, de mon point de vue, sont insuffisants, mais qui sont tout de même de loin meilleurs que ceux dont sont capables les autres.
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