Mon article au sujet du référendum dans le “Luxemburger Wort” du 06.06.2015

June 6, 2015 by Charles Goerens

Osons!
L’élément nouveau dans la crise de 2008, au – delà de son caractère brutal, c’est sa dimension globale: si aucun pays n’a été épargné, elle a frappé certains avec force. Si certains, comme l’Allemagne se sont relevés assez rapidement, d’autres comme la Grèce, l’Espagne et même la France continuent d’être secoués par les effets du séisme bancaire. Le rejet des élites, l’augmentation inquiétante du nombre de pauvres ne sont que des symptômes de sociétés menacées d’éclatement. D’autres, par contre, voient leur cohésion moins menacée.
A y regarder de près, ceux qui s’en sortent le mieux, sont ceux qui avaient, déjà dans un passé lointain, pris des dispositions pour prévenir la rupture ou la fracture sociale. Un système d’éducation performant, la recherche d’une justice sociale et fiscale, un dialogue social efficace se sont avérés être des piliers solides ayant permis de mieux résister aux chocs de la crise.
Si au Luxembourg nous nous en sommes plutôt bien sortis, c’est parce que notre pays a su développer à temps une approche basée sur la concertation mieux connue sous le nom de « modèle luxembourgeois ». Autrement dit, les efforts déployés dans les années 70 déjà, ont permis d’atténuer l’impact de la crise de 2008. Qu’allons-nous donc faire aujourd’hui pour atténuer, voire prévenir les crises pouvant éclater dans 20 ou 30 ans ? On le sait, le passé conditionne le présent, qui à son tour, impacte l’avenir. La capacité de résistance du Luxembourg à une possible crise économique de l’année 2035 sera le résultat, entre autres, de nos choix présents.

Ce qui vaut pour l’économique et le social, est vrai aussi pour le politique. Il n’est pas trop tôt, de ce point de vue, de procéder à une introspection de notre système politique qui a la caractéristique de confier l’élection des députés à un corps électoral en voie de devenir minoritaire dans son propre pays. Cela ne peut pas durer. Certes, par les temps qui courent, rien ne permet de conclure à l’imminence d’une rébellion issue des rangs des exclus du droit d’élire nos représentants à la chambre des députés.
Une intégration économique et sociale plutôt réussie des personnes qui sont venues vivre chez nous explique sans doute le peu d’empressement des résidents non luxembourgeois à revendiquer leur droit de vote pour les législatives.

Et si l’on décidait de ne pas se faire prier et d’offrir sous les conditions annoncées dans le cadre du référendum du 7 juin ce droit aux ressortissants dans le même esprit d’ouverture qui a permis d’introduire la citoyenneté européenne sans tergiversation ni crispation, mais avec la hauteur de vue qui a présidé à toutes les grandes ouvertures pratiquées par notre pays au cours de son histoire. Ce faisant, notre pays, loin d’être offert, serait un peu plus ouvert. Non seulement l’on ne perdrait rien mais avec une assise électorale plus large, correspondant mieux à la réalité luxembourgeoise, les décisions prises au plan politique gagneraient en légitimité! Quelle avancée dans un monde en manque de repères! Ce serait l’extension du modèle luxembourgeois au plan politique, plus ouvert, plus inclusif, plus représentatif. Que nous soyons en mesure de tenter cette grande ambition collective sans la moindre pression de la rue souligne non seulement la noblesse de cette démarche mais nous conforte également dans notre conviction d’avoir jusque-là plutôt bien réussi au plan de l’intégration, du moins pour ce qui est des dimensions économique et sociale.

A quelques jours de la consultation populaire, notre pays, n’est, certes, pas à feu et à sang. Un non au référendum du 7 juin pour le droit de vote des résidents, toutefois, signifierait toutefois un arrêt radical dudit projet d’ouverture démocratique. La question ne pourrait plus figurer à l’agenda politique pendant de longues années.

L’histoire nous a ouvert une fenêtre d’opportunité. A nous de décider dimanche prochain de ne pas la refermer. En répondant oui dimanche prochain, osons, au- delà des clivages et de la conjoncture politique actuelle, privilégier les choix qui permettront de pérenniser, en l’adaptant à la réalité, un contrat de société basé sur le respect, la reconnaissance et l’inclusion de tous les citoyens qui ont pris racine chez nous.

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Member of the European Parliament (Renew Europe)

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