Michel Rocard
July 7, 2016 by Charles Goerens
Tageblatt, 04/07/2016
“A l’âge qu’il avait au moment de nous quitter, les hommes ont tendance à parler plutôt de leur passé. Avec Michel Rocard, c’était différent. Son regard, ses pensées, sa réflexion étaient résolument tournés vers l’avenir. Son jugement parfois cinglant collait toujours à une analyse approfondie, très documentée. Il avait ainsi développé une capacité d’appréhender et d’expliquer les phénomènes contemporains qui faisait de lui l’une des personnalités politiques françaises les plus écoutées de son époque. Les « il n’y a qu’à », les « il faut que » n’étaient pas sa tasse de thé. Il avait l’habitude de dire que, « lorsque la science reste muette, les politiques sont en désarroi ».
J’ai eu le privilège de le voir présider la commission de développement du Parlement européen vers le milieu des années 1990. C’est ainsi que, trois ans avant le renouvellement des relations UE-ACP, il me confie un texte de réflexion interne du PS à ce propos. Vingt ans plus tard, ces relations sont de nouveau sujettes à révision. L’on serait étonné de voir à quel point les observations formulées dans son document de 1997 sont encore pertinentes aujourd’hui.
Michel Rocard avait du talent et il savait s’en servir. Même au-delà de sa mouvance politique, on est nombreux à exprimer un double regret, au soir du 3 juillet 2016: sa disparition d’une part et le fait de ne l’avoir jamais vu accéder à la fonction suprême de la République.”
