Le Jeudi, Chronique
June 15, 2018 by Charles Goerens
Luxembourg, 15/06/2018
La fin du multilatéralisme?
Pendant de longues périodes, le droit de la force primait sur la force du droit. Cette nouvelle approche s’est avérée être salutaire pour tous les Etats et plus particulièrement pour les plus petits d’entre eux.Rappelons dans cet ordre d’idées la Convention universelle des Droits de l‘Homme, le système des Nations Unies, l‘Organisation Mondiale du Commerce, entre autres…
Ce système, basé sur le multilatéralisme, a fonctionné tant bien que mal. En effet, supposé prévenir les conflits en tout genre en privilégiant désormais la recherche du compromis dans les rapports entre Etats, le multilatéralisme a connu des échecs mais aussi des succès rarement relatés d’ailleurs par le journal de vingt heures. Le conflit qui n’a pas eu lieu n’ayant aucune visibilité, reste néanmoins un succès indéniable.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les petits Etats d‘abord, les puissances moyennes ensuite, ont compris que faire cavalier seul dans les domaines économique, diplomatique, et sécuritaire, allait définitivement appartenir au passé. L‘interdépendance et l‘interaction politiques, le partage et le transfert de souveraineté ainsi que la recherche permanente de positions communes ont réussi à doter la communauté internationale d’un système basé sur le droit, et par voie de conséquence, de règles applicables à chacun.
Depuis son élection, le Président Trump ne cesse de tourner le dos aux acquis de la coopération internationale d’après-guerre et fait tout pour affaiblir, voire détruire le système multilatéral en vigueur. Quiconque aurait encore le moindre doute sur les intentions de l‘actuelle administration américaine et de ses implications sur le vivre ensemble de la communauté internationale devrait avoir perdu sa toute dernière illusion samedi dernier à l‘issue du G7 présidé par le Canada.
En retirant sa signature du document final, Trump creuse l‘écart entre son pays et ses alliés traditionnels. L’Europe va-t-elle continuer à subir le diktat de Trump ou va-t-elle enfin commencer à agir?
Le 28 mars 2019 à minuit, le Royaume-Uni deviendra un pays tiers pour l‘Union européenne. Le lendemain, les vingt-sept Chefs d‘Etat ou de gouvernement des Etats membres de l‘Union européenne seront appelés à relever un défi de taille: il ne s’agit ni plus ni moins de définir un nouveau projet européen pour les générations à venir. Si nous voulons être au rendez-vous de l‘histoire d‘un monde qui évolue à un rythme vertigineux, nous serions bien inspirés de préciser nos vues quant à l‘organisation future de notre continent. La mobilisation au niveau des Etats membres pour définir les principaux axes de la construction européenne pour les décennies à venir ne semble pas être soutenue dans la même intensité par tous les Etats membres. La France, avec son nouveau président, a une ardeur d‘avance sur les autres. Malheureusement, les réponses de nos gouvernements aux propositions françaises se font attendre.
Ne perdons pas l‘espoir, cependant, de voir prochainement les Vingt-sept avoir une lecture commune des réalités de ce monde et de se mobiliser pour ancrer dans les rapports entre nations un socle de valeurs fondamentales.
Photo (c) europe1.fr
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