Kloertext am Journal zum Europadag
May 9, 2016 by Charles Goerens
Luxembourg, 09/05/2016
L’humeur n’est pas à la fête”, titrait un quotidien belge il y a quelques années à l’occasion de la fête de l’Europe. Elle l’est encore moins cette année. Décidément, la situation toujours conflictuelle en Ukraine, le contrôle, entretemps, de trois cents kilomètres de la côte libyenne par des forces de l’Etat islamique, le déplacement de douze millions de Syriens à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays, tout ça n’est pas de nature à nous rendre euphoriques.
Avons-nous été en mesure, nous, Européens, d’appréhender les développements qui ont débouché sur la crise au Moyen-Orient? L’Allemagne, la France, la Belgique et le Luxembourg avaient, certes, refusé de participer à la coalition appuyant la guerre des Etats-Unis contre l’Iraq. Quatre Etats membres, dont les deux les plus grands, étaient loin, cependant, d’engager toute l’Union européenne. Aussi longtemps que l’Union européenne restera incapable de s’approprier une méthode à même de définir une attitude commune sur les questions de vie et de mort, de guerre et de paix, elle ne pourra influer que de façon très marginale sur les grandes crises qui secouent le Moyen-Orient ou le Nord de l’Afrique.
Ce qu’il importe de stigmatiser, en l’occurrence, c’est moins l’Europe que les Etats membres qui privent cette dernière d’une véritable capacité d’action en matière de relations extérieures. Madame Mogherini, qui est officiellement en charge du volet extérieur, était à mille lieux de l’endroit où se négociait un accord sur le conflit ukrainien parce que la place est déjà prise par Merkel et Hollande. Elle, dont les compétences et le talent ne sont contestés par personne, a déjà été maintes fois éclipsée par les Steinmeier, Ayrault et autres ministres des affaires étrangères des Etats membres. Là où l’exigence de clarté saute aux yeux règne la confusion. En cette journée de l’Europe, nos Etats membres seraient bien inspirés de jeter les bases d’une politique extérieure en affirmant un leadership clair et efficace donnant priorité à l’analyse et l’action communes plutôt que de donner l’impression d’ouvrir des dizaines de chantiers différents. Rester désunis, miner l’autorité de nos acteurs et la crédibilité de nos institutions affaiblit la position de l’Europe dans le monde alors que tout et tous nous invitent à être plus présents sur la scène internationale.
Les principes d’action respectueux de cette approche commune devraient désormais guider l’Union européenne dans ses relations avec le reste du monde.