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Intervention en plénière au sujet d’Ebola

October 26, 2015 by Charles Goerens

Pour conclure, retenons qu'il n'y a pas lieu de baisser la garde devant un virus intelligent qui risque encore de se manifester sous d'autres formes que celles déjà connues. Soyons également conscients de notre obligation morale de faire du droit à l'accès aux traitements des malades partout dans le monde un principe d'action politique pérenne.

Les premiers cas d’Ebola dans l’UE et aux Etats-Unis avaient vite fini par semer la panique dans les opinions publiques respectives.

 

Rien de tel de mars à septembre 2014 lorsque des milliers de personnes contaminées par le virus avaient déjà trouvé la mort au Sierra Leone, au Liberia et en Guinée où la crise a frappé très fort.

 

Cette crise revêt à maints égards un caractère systémique:

 

1) Pour ce qui est de la carence systémique, au niveau de la gouvernance mondiale, l’OMS a elle-même reconnu sa part de responsabilité dans la lenteur de l’alerte;

 

2) Quant à la pauvreté systémique dans les trois pays frappés par la crise, quelques données éloquentes en soulignent le caractère particulièrement aigu:

 

– 85% de personnes vivent dans l’extrême pauvreté;

 

– La durée de scolarité dépasse à peine 4 ans en moyenne;

 

– Les systèmes de santé sont peu résilients;

 

3) Au niveau européen aussi, ces systèmes sont perfectibles notamment pour ce qui est de la coordination entre les 29 acteurs que sont la Commission et les Etats membres.

La nomination du Commissaire Stylianides à la fonction de coordonnateur de l’UE pour la crise Ébola a finalement permis de changer de cadence dans la recherche de solutions européennes à apporter aux victimes dans les trois pays africains.

Quant aux enseignements qui peuvent d’ores et déjà être tirés de la présente crise, mentionnons que:

 

1) L’engagement exemplaire des humanitaires et plus particulièrement des acteurs de MSF et de la Croix Rouge a contribué à une prise de conscience très large et a suscité une admiration unanime alors que ceux-ci ont payé un lourd tribut: la lutte contre Ébola a couté la vie à quelque cinq cents professionnels de la santé.

 

2) Quand la communauté internationale a fini par se réveiller, et en particulier son industrie pharmaceutique, des réponses au niveau du développement de vaccins ont pu être trouvées assez rapidement.

 

3) On ne peut pas laisser à l’abandon des systèmes de santé dans les pays en développement au motif que le redressement des finances publiques prime sur toute autre considération.

 

4) Il devient urgent d’aborder de façon systématique la question de savoir qui est responsable de la recherche et du développement de traitements de maladies rares ou ne touchant, en premier lieu, que des patients vivant dans les pays en développement. La sphère politique – si elle est acquise au principe de la “non-indifférence” – ne peut plus écarter ce problème. Le Parlement européen devrait prendre l’initiative d’un nouveau rapport sur cette question, en étroite coopération avec le Coordinateur Stylianides et en tenant compte des enseignements à tirer de la mission du Parlement européen en Afrique de l’Ouest début novembre.

5) II devient urgent de reconstruire les trois pays dont non seulement les systèmes de santé, mais également l’économie se trouvait rapidement par terre et ce dès le début de l’épidémie.

 

Finalement, le Parlement européen a eu raison de revendiquer et de corroborer à longueur d’années sa proposition de faire consacrer au moins 20% de son aide publique extérieure au développement des secteurs sociaux de base dont, en premier lieu, le système de santé.

 

Pour conclure, retenons qu’il n’y a pas lieu de baisser la garde devant un virus intelligent qui risque encore de se manifester sous d’autres formes que celles déjà connues. Soyons également conscients de notre obligation morale de faire du droit à l’accès aux traitements des malades partout dans le monde un principe d’action politique pérenne.

 

Enfin, ne tardons pas à aider l’Afrique à s’approprier son propre développement, notamment – et avant tout – en matière de recherche et de développement dans le domaine de la santé!

 

Photo (c): MSF

 
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About Charles Goerens

Member of the European Parliament (Renew Europe)

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