Chronique Le Jeudi: L’Europe, ça s’explique
July 8, 2013 by Charles Goerens
Journée de la citoyenneté
Et pourtant il existe, le débat sur l’intégration européenne. Pour preuve, les quelque quatre cents personnes présentes à la Rockhal le dimanche, 30 juin 2013.
C’est dans le cadre de l’Année européenne du citoyen que la Commission européenne avait initié l’échange entre acteurs politiques et et représentants de la société civile. Pari réussi à en juger par la pertinence des questions posées et l’opportunité offerte aux acteurs politiques – habitués en règle générale à prêcher dans les salles désertes. La publicité qui a précédé l’événement, la répartition de l’auditoire en quatre blocs convergeant vers un plateau central réservé à la Vice-présidente de la Commission ainsi qu’au modérateur et à ses invités témoignent d’une organisation impeccable.
Quant au fond, le débat s’est concentré pour l’essentiel sur les libertés publiques, la dimension sociale de l’Union européenne et l’avenir de notre continent qui peine à sortir de la crise.
L’impression générale qui se dégage de ce débat est que l’heure n’est pas à la critique autodestructrice mais bien à l’introspection. L’examen de conscience doit porter sur la répartition des compétences entre les Etats membres et l’échelon européen. Façon imcomplète, toutefois, de poser le problème, étant donné que le fonctionnement des institutions européennes lui-même se trouve désormais au coeur du débat.
En effet, il n’est pas anondin de savoir qui, à l’avenir, aura vocation à faire bouger les lignes. Quel sera le rôle de la Commission? De quel poids pèseront les Etats membres dans les futurs mécanismes décisionnels? Les décisions relèveront-elles plutôt de la méthode intergouvernementale, au détriment des pouvoirs de la Commission de plus en plus marginalisée depuis le début de la crise? L’Europe pourra-t-elle encore se passer d’un vrai gouvernement économique, du moins pour l’Eurozone, ou va-t-on limiter le débat à un échange de quelques banalités sur la gouvernance de l’Eurogroupe?
Autre casse-tête, la dimension démocratique de l’Union. Plus elle devient intergouvernementale, moins elle est sujette à un contrôle démocratique. L’on a assisté au cours de ces dernières années à une augmentation des déficits démocratiques au sein de l’Union européenne. Si cette tendance devait se maintenir, des pans entiers de nos politiques risqueraient d’être éliminés du champ démocratique. Nombre de décisions arrêtées au niveau de l’Eurogroupe ont ceci de particulier qu’elles échappent à la fois au contrôle du Parlement européen et à celui des Etats membres. Autant de raisons qui nous invitent à poursuivre l’échange avec le citoyen.
A l’heure où les populismes, les nationalismes, les dynamiques d’exclusion et les égoïsmes de tout cran avancent sournoisement, l’approfondissement du dialogue avec le citoyen est la conditio sine qua non.
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